À la découverte du monde militaire… Le comprendre et s’en inspirer pour gagner la guerre contre le COVID-19

L’Homme est au cœur du système donc au cœur de l’action. Le particularisme du métier des armes, révélé par Bonaparte avant Waterloo (« Pour tout Français qui a du cœur, le moment est arrivé de vaincre ou de périr »), et par Danton, (l’armée ennemie encerclant Verdun en 1792 : « Pour vaincre, Messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée. ») met en avant des caractéristiques bien spécifiques : des ressources morales et physiques inattendues, une résilience insoupçonnée, de l’autonomie en responsabilité, ainsi qu’une organisation robuste.

Détenir la force au nom de la collectivité nationale

L’une des caractéristiques du militaire est de « détenir la force au nom de la collectivité nationale » d’où il tire sa légitimité. Afin d’exercer son métier en se gardant de tout dogmatisme et en appréhendant avec pragmatisme le monde dans sa complexité, le chef militaire s’appuiera sur une éthique et des vertus particulières. Il assure ainsi sa sécurité et celle des autres avec le sens des responsabilités. Pour survivre physiquement et moralement en temps de crise et faire face à l’imprévisible, les sens de la cohésion et du devoir ou encore de l’obéissance s’imposent.
Est-ce que ce modèle ne pourrait-il pas inspirer les chefs d’entreprise et autres managers ?
Comment créer ou recréer une cohésion au sein des équipes en période de confinement ?
Comment repenser et élaborer ensemble un plan pour se sortir de cette situation ?
Repenser le travail pour pouvoir l’exercer au mieux, même en condition dégradée, et toujours servir les clients ?
La condition militaire impose des exigences que les cadres doivent accepter pour eux-mêmes ou leurs subordonnés. La formation du combattant demande donc au soldat une élévation morale : les vertus, telles l’endurance physique et psychique, le courage et le dévouement à une cause qui le dépasse, y sont mises en exergue.

Ne pourrait-on pas travailler davantage sur le moral et les qualités humaines en entreprise sans développer pour autant un esprit guerrier, l’objectif minimum étant de faire la différence entre un problème et un tracas ?
Et ainsi découvrir que nous avons au fond de nous bien plus de ressources qu’on n’aurait pu imaginer !!! C’est quand l’Homme est testé qu’il peut savoir qui il est, qui il peut être, et surtout qui il souhaite devenir. Cette crise est l’occasion de voir la véritable nature et le potentiel de chacun, et ainsi mieux se connaitre. Lorsque l’on franchit les portes du monde militaire, on est rapidement mis à l’épreuve. On se sent souvent incapable d’accomplir certains actes, de pouvoir enchainer des cours théoriques la journée et des exercices la nuit. Et pourtant, on le fait. On réalise à ce moment précis que l’on s’est sous-estimé et que face à l’obligation de réussir ou d’avancer, émergent des ressources insoupçonnées. J’espère que cette crise apportera la même exigence face à la difficulté de la vie. Chaque expérience nous apprend à grandir vite dans le monde militaire : l’importance n’est pas de tomber mais de se relever le plus vite possible et de continuer à avancer pour accomplir sa mission. Que la résilience est dans l’action.
Le maréchal Lyautey écrivait que « la joie de l’âme est dans l’action », ce qui nécessite de s’adapter sans cesse. C’est ce que font actuellement l’ensemble des acteurs engagés dans cette bataille pour sauver des vies, que l’on soit membre du gouvernement, personnel soignant, chef d’entreprise, salarié de tout rang et de toute entreprise, citoyen engagé…

S’inspirer du monde militaire au quotidien

Profitons également de ce moment pour passer à l’action, pour avancer et repenser notre vie, notre travail, notre reprise, ou pour venir en aide. Pourquoi ne pas devenir un temps des soldats de notre quotidien avec les qualités inhérentes à ce métier : la maîtrise de soi, les sens des responsabilités et de l’initiative combinés avec celui de l’obéissance, et enfin le dernier mais non le moindre, un désintéressement total. Ces mots ne semblent plus, aujourd’hui, tenir la place qui leur est due. L’hédonisme a pris le pas sur le sens civique. Et pourtant cette situation nous montre aussi autre chose et redonne de l’espoir car, comme le soldat prêt à se battre et donner sa vie pour défendre des idéaux plus grands, le personnel soignant risque sa vie pour en sauver d’autres et ainsi permettre à la société de continuer à fonctionner.Comment conduire, diriger ses bonnes âmes ?
Qui va prendre le rôle de chef dans la bataille ?

« Dans une armée, il ne peut y avoir de responsable que le chef, c’est-à-dire celui qui donne des ordres » a écrit Guibert. L’autorité ne s’apprend pas mais le commandement, quant à lui, peut l’être, en passant par une éducation de la personnalité et des recommandations sur ce qu’en aucun cas il ne faut faire. L’Histoire ne donne pas de recettes tant les expériences humaines sont personnelles mais elle fournit autant d’exemples et de repères. Tout chef est un pilote, une mauvaise décision peut faire sombrer le navire qu’il gouverne. A la guerre, le hasard est maître, le chef propose, l’événement dispose. La force morale est fondamentale pour mener le combat dans des situations rudes et imprévues tout en respectant la loi morale. Quand les valeurs fondamentales comme la paix, la justice ou les droits sont en jeu et que, pour les protéger, le prix à payer s’exprime en vies humaines à exposer, l’Homme ne peut s’abstenir de faire appel à des considérations éthiques et à ses valeurs les plus élevées. Laissons de côté l’individualisme pour la cohésion et ensemble faisons face.

Laissons de côté l’individualisme pour la cohésion et ensemble faisons face.

Prenons pour exemple l’Allemagne qui a su montrer la voix en suivant ces préceptes :

• Des équipes bien organisées et capables de réagir,
• Un système de santé robuste et une capacité de réanimation inégalée en Europe (4 fois plus de lits que la France avant l’épidémie), facilitant ainsi grandement la prise en charge des malades graves sans être débordée,
• Une stratégie claire, efficace et cohérente par la mise en place rapide d’une politique de dépistage massive et la possibilité de 200.000 tests par jour,
• Une appréhension différente de l’épidémie en responsabilisation les citoyens.

Qu’en pensez-vous ? Devrions-nous s’inspirer du monde militaire pour gagnerla guerre contre le Covid ?

Nathalie Gourdin

Crédits photos : Yoh4nn (Istock)

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