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Stress, confinement et COVID-19 

Stress, confinement et COVID-19

Le stress et son contrôle sont actuellement – dans l’armée, comme dans le milieu civil – de plus en plus pris en considération.
Dans ce contexte de pandémie mondiale et de confinement, comment faire pour mieux gérer et prendre en compte notre stress ? Je propose d’explorer une nouvelle fois ce qui se fait dans le monde militaire afin de pouvoir, le cas échéant, s’en inspirer.

Stress et confinement

La préparation militaire a été longtemps essentiellement axée sur le physique délaissant l’aspect psychologique. L’évolution des conflits et des menaces (terrorisme, biologique, chimique, nucléaire…) a favorisé la prise en compte de toute la dimension humaine et contribué à prendre conscience de la notion de stress.

Bien que connue, elle devenait de plus en plus préoccupante. De surcroît la médiatisation – accrue – des conflits récents et de leurs risques, a participé à l’évolution de pensée dans ce domaine, en particulier en exacerbant le rôle de l’imaginaire. Il est assez facile de faire le parallèle avec ce que nous pouvons vivre aujourd’hui face à ce virus, dans une situation de confinement où les chaines d’information continue jouent le rôle de catalyseur en matière de craintes et de perceptions de la menace. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de menace, malheureusement, elle a beau être invisible, elle n’en demeure pas moins réelle. L’annonce d’un début de déconfinement possible à partir du 11 mai et « l’après » nous plonge cependant dans l’incertitude ainsi que dans l’ambiguïté : devons-nous reprendre le travail et surtout les transports en commun ? Un masque et des gestes barrières suffiront-ils à nous protéger ?
Nous vivons une hausse du stress en raison d’une perception particulière et ambiguë de la menace comme pour la guerre du Golfe, une issue incertaine comme en ex-Yougoslavie où les prises de décisions dans l’action étaient complexes, sans parler du théâtre afghan qui, par sa rudesse, a vu la prise en compte pour la première fois du syndrome de stress post traumatique.

« AMBIGUITE – INCERTITUDE »

Facteurs psychosociologiques du stress lors des interventions et facteurs de stress face au COVID-19.

En plus des qualités traditionnelles de courage, de résistance, d’agressivité et de solidarité, le combattant doit posséder nombre de nouvelles connaissances techniques spécifiques, résultant du progrès des équipements et de la diversification des modes d’engagement. Il doit aussi (et sans doute est-ce cela le plus important) acquérir une solide maîtrise de soi au sein du groupe auquel il appartient.
Cela s’applique également au monde de l’entreprise qui a connu lui aussi de grandes évolutions notamment avec l’accroissement de la place du numérique et les premiers pas de l’intelligence artificielle. Le salarié évolue, à l’instar du soldat, dans un environnement au sein duquel il doit être capable de gérer ses émotions.
En effet, outre la nécessité pour le soldat de savoir résister aux agressions physiques, il doit également faire face aux agressions psychologiques et psychosociologiques, liées aux théâtres d’intervention de plus en plus variés ainsi qu’à leur contexte. Dans le monde professionnel, nous avons également pu observer une hausse des exigences et du stress lié à la diversité des demandes des entreprises dans un environnement de mondialisation de plus en plus exigeant et compétitif.

LE CONFINEMENT

Dans le cadre particulier du confinement, il faut être capable de mieux contrôler ses réactions de stress et ses émotions afin d’éviter d’accentuer une situation difficile. Cette capacité sera d’autant plus nécessaire que les facteurs de déclenchement du stress sont plus nombreux, sont aussi de plus en plus insidieux. Parmi ceux-ci, on peut citer la durée de confinement, la fatigue engendrée par la gestion de nombreuses tâches concomitantes (gestion des enfants, travail, etc…) ou l’angoisse liée à la menace que constitue le virus, mais aussi l‘isolement vis-à-vis de ses proches et de ses amis, collègues, ainsi que le risque face à « l’autre » à la fin du confinement ; risque qui peut être encore plus angoissant : est-ce qu’entreprenant le travail et les transports en commun, je ne risque pas de tomber malade ? Est-ce que j’aurai toujours un travail ?
Parfois les peurs qui se glissent sous le stress sont sournoises et génératrices d’anxiété et d’angoisses plus profondes. Il est important de les identifier pour essayer de les traiter.
Enfin, l’inexpérience, le manque d’assurance ou de confiance en soi, dans ses chefs, dans son matériel, dans la légitimité de son action sont également des facteurs aggravants du stress dans le monde militaire : ils le sont de la même façon pour n’importe qui aujourd’hui. Personne n’a d’expérience de pandémie : certains sont en droit de douter de nos dirigeants, de leur capacité à gérer cette crise et à les protéger.
Le caractère fourbe du déclenchement ou de l’aggravation du stress peut résulter, sur le plan psychosocial, des deux paramètres importants que sont l’ambiguïté et l’incertitude.

L’ambiguïté

Au niveau de la perception du risque réel de l’épidémie de COVID-19 et l’incertitude quant au moyen d’y faire face (manque de matériels, masques…)

Ambiguïté dans le discours et contradictions générant une ambivalence interne : vous pouvez voter mais rester chez vous ! Ambiguïté enfin sur la nature du traitement (hydroxycloroquine ou non ?)

L’incertitude

L’incertitude face à la menace (manque d’information sur le virus).

Incertitudes sur la sortie de crise : quel déconfinement pour quel avenir ?

Enfin l’incertitude concernant son propre comportement et la capacité à contrôler sa peur.
Peut-on vraiment savoir comment on réagira en situation réelle de stress une fois deconfinés ? Non seulement au moment où il va y avoir une menace effective, réelle, mais surtout dans le cas de la simple perception d’une menace.

Comment réagira-t-on lorsque l’on prendra conscience que l’on peut être atteint dans son intégrité physique ?
Lorsque des collègues seront touchés ?

De plus, l’imaginaire, sans cesse agressé et enrichi par l’omniprésence d’informations polymorphes, variées et contradictoires accentue et entretient cette incertitude et cette ambiguïté. En conséquence, nous sommes confrontés, comme le combattant, au risque et à la crainte permanente de se trouver en face d’une situation ambiguë et incertaine qu’on aurait du mal à comprendre et à maîtriser.

Or, s’il est un domaine où l’on peut essayer de lutter contre les effets de ces ambiguïtés et incertitudes, et donc de réduire le stress, c’est d’agir sur soi en gérant ses émotions et son comportement pour faire face au mieux.

Nathalie Gourdin


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